silencé·e·s

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Lora Franco
Rue Aveugle

Rue aveugle est une peinture performative qui implique le collectif et l’individuel en reconstituant des gestes et actions qui traversent la vie quotidienne. Les couches qui composent le travail sont par métaphore les frontières entre le visible et l’invisible, mais aussi les brèches qui ouvrent une parenthèse où le spectateur peut initier un dialogue avec et entre le regard, l’image et le geste.

La poésie est toujours au centre et au départ du travail de Lora Franco. Les problèmes socio-politiques sont relatés en utilisant des fragments de matériaux récupérés qui font allusion à la vie et l’espace quotidien en Amérique Latine. La précarité devient le moteur d’une recherche plastique qui explore tous les moyens nécessaires pour trouver la voix précise que requiert chaque projet, soit l’installation, l’animation, la peinture, le son. Les frontières entre les médiums sont brisées, dans une volonteéde briser celles entre l’art, l’histoire, l’écriture et la vie.

Erika Pirl et Le Chic
Le grand silence

Des nuées semblent crisser dans les airs. Ce n’est peut-être que l’écoulement du temps, que rien ne transforme, sauf la lumière. Toujours plus blanche elle luit comme du métal échauffé. Elle anéantit les couleurs, les écrase, comme ferait l’ombre. Alors c’est bien ses bras qui remuent dans la poussière des roches, comme dans de l’eau écumée de vagues, qui ne bougent pas. Le soleil tourne sur lui-même, il danse comme le fait la musique. Elle semble entendre des cloches, des plaques de fer frottées, des billes roulant dans l’étuve. Parfois de la poussière s’élève dans un courant. Ce sont des êtres en silhouettes, qui vibrent dans le chant du ciel. Entourés de draps ils s’affaissent soudain, quand le vent les abandonne, mais leur présence reste quelque temps au-dessus des dunes, fantômes du jour qui curieux nous observent.

On avait écouté le sable. On avait retourné toutes les dunes. On n’avait pas même entendu un frôlement. Pourtant, c’est bien le bruit d’une caresse dure et sèche, continue qui couve dans le fond de l’espace, dans le haut du ciel écrasé ici bas. Il y avait eu le grand désert. Maintenant était venu le grand silence.

Erika Pirl and Le Chic est un trio formé en 2012 et composé d’Erika Pirl, Guillaume Vionnet and Mathieu Winkler, qui travaille en tant que collectif de performeurs multimédias. Venant de parcours différents, ils partagent la volonté d’explorer les possibilités de la performance et d’établir un dialogue avec le mouvement et le son. Ce dialogue prend place entre eux, avec le public ou avec l’espace dans lequel ils se trouvent. Dès le début de leur collaboration ils se rejoignent pour des jams sessions durant lesquelles la recherche et l’expérimentation de l’espace sont basées sur l’improvisation et l’instinct. Plus récemment, ils travaillent à la réalisation de structures scéniques pour chaque performance ou concept, sans jamais abandonner la liberté d’improvisation et de dialogue direct. En tant que groupe ils sont intéressés à former un langage ancré dans la confiance, à jouer avec les limites et possibilités du non-verbal, à travailler sur les bases communes du concept pré-établi, pensé ou senti. Pour faire court, « comment partager une histoire avec peu ou pas de mots ». Chaque performance est à la fois nouvelle et un souvenir de celle d’avant. Chaque fois ils réunissent leurs influences en fonction du public, de l’espace, du temps ou de l’espace. Ils se fixent des nouvelles règles pour chaque performance, mais les règles sont là pour être brisées. Il y a liberté tant qu’il y a précision.

sur une invitation de Camille Kaiser