ECHOS DE MEMOIRE ET ALMANACHS

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Une proposition d’Alba Lage et Irene Munoz

« Juste à quelques pas de la porte, nous savions que quelque chose s’y cachait, même si nous ne pouvions pas nous imaginer ce que c’était. Un lieu sombre qui semblait avoir des années de poussière incrustées dans les livres. Je reconnais que je me perds à chaque fois que j’entre dans une librairie. Je n’arrive ni à choisir le recoin, ni le livre. Je pense que c’est dû à cette sensation de savoir que ce je n’ai pas choisi ou ce que j’ai choisi va dicter mon quotidien, comme s’il s’agissait d’un almanach . Mais le plus intéressant c’est que, là-bas, non seulement nous pouvions lire des livres mais aussi toute la poésie d’une vie. Je parle de celle du libraire. Toute une vie dédiée à la création d’un espace en accord avec ses goûts et ses désirs et qui participait avec sa plume à imprégner notre univers. Perdues dans le grand voyage de l’histoire, ce que nous ne savions pas encore c’est qu’il allait devenir notre guide. Et même si nous ne comprenions pas cette langue étrangère, pour nous, il avait déjà marqué l’histoire comme d’autres l’avaient fait auparavant. Dans cet espace, qui semblait si petit, se cachaient de grandes histoires comme dans ses almanachs sur l’Espagne. Ce n’était pas seulement une façon de faire connaître un mode de vie, mais de transmettre tout ce qu’il avait peu à peu accumulé sur une culture. Chaque année, lorsqu’il revenait à sa librairie avec de nouveaux savoirs, il se rappelait les relations qu’il avait nouées en écrivant ses livres. Entre dates, textes, poésies et photographies, il nous transmettait jour après jour, année après année, toutes sortes de coutumes, auxquelles nous participions sans même nous en rendre compte. Pour nous, ses petits almanachs sur la culture espagnole étaient dignes d’un grand poète et ses photographies dignes d’un grand artiste. Nous nous sommes enfin trouvées quand nous l’avons trouvé. »